Le cantique des quantiques

Rendez-vous à Reugny, une commune située à vingt kilomètres de Tours. En quittant le bourg par la départementale, il est impossible de louper le Château de La Vallière, un emblème régional chargé d’histoire. Construit étape par étape entre le XVIe et le XIXe siècle, il est témoin des progrès architecturaux de la Renaissance. Autour de cet édifice, un domaine forestier d’une vingtaine d'hectares s'apprête à voir éclore un nouveau symbole de l’innovation deeptech : le Da Vinci Labs.

En accueillant entrepreneurs et équipes de recherches, cet espace dont la construction débutera en 2024 se veut être le berceau de synergies créatives. A l’origine de ce projet, l’entrepreneur Xavier Aubry se donne un objectif : mettre en lumière des innovations disruptives au service de l’environnement. Et à proximité d’un emblème d’une transition technologique d’un autre temps, il n’y a qu'à s'inspirer pour apporter sa pierre à l’édifice d’une renaissance scientifique moderne.

Comme l’inventeur duquel le projet tire son nom, le Da Vinci Labs mise sur le mélange des disciplines. Parmi tous les secteurs susceptibles de pouvoir œuvrer pour la cause environnementale, 3 grands axes ont été sélectionnés. Xavier Aubry les présente : « Les technologies quantiques, pour répondre aux besoins de développement de notre puissance de calcul, tout en réduisant la consommation énergétique attribuée à cette tâche. L’intelligence artificielle et ce qu’elle permet en simulation pour d’aide décisionnelle, et finalement les biotechnologies, indispensable pour une action directe sur l’environnement.”

Mélanger les disciplines n’a rien de nouveau, c’est une approche très répandue dans de nombreuses pépinières de startups. La singularité du Da Vinci Labs, c’est de rassembler entrepreneurs et organismes de recherches en un seul lieu. “Il est nécessaire de créer des ponts entre la recherche et l’entrepreneuriat” déclare Xavier Aubry “Pour des questions d’exploitations de découvertes à haut potentiel, et à terme pour une question de souveraineté technologique”.

Ici, l'interdisciplinarité est le maître-mot. Selon le fondateur, c’est une notion essentielle au développement de nouvelles solutions, qui a trop souvent été boudée par le passé. “Traditionnellement, nous nous sommes beaucoup tournés vers des carrières très spécialisées, ce qui a créé des clivages entre les disciplines”. Optimiste, il affirme tout de même que “Les choses changent, de plus en plus de profils d’ingénieurs pluridisciplinaires émergent, et chacun devient plus polyvalent”.

Entreprise ou projet de recherche, chaque initiative susceptible d’être accompagnée est différente, avec son histoire, son expertise, mais aussi ses besoins. Pour accompagner chacun au mieux, le Da Vinci Labs proposera plusieurs solutions, allant du “Consulting classique” explique l’entrepreneur, “à la participation financière, en passant par l’apport de nouveaux profils dans les équipes [...] Selon la structure, chaque initiative peut avoir besoin d’un appui logistique, commercial, scientifique, ou autre”.

Même si le Da Vinci Labs n’a pas encore inauguré son site physique, il participe déjà à des projets européens de recherche collaborative. C’est notamment le cas du projet Swiftt, qui met au point des technologies de surveillance forestière par satellite basées sur l’intelligence artificielle capables d’agir avec précocité pour anticiper certaines menaces. Un projet financé par l’Union Européenne et épaulé par Da Vinci Labs, qui garde toujours le même objectif : faire émerger les futurs champions de la deeptech.

Ce but, Xavier Aubry n’est pas le seul à l’avoir. En France, le Plan Deeptech déploie une enveloppe de 3 milliards d’euros, dans l’optique de faire du pays une référence mondiale en la matière. Selon Bpifrance, près de 250 startups deeptech ont été créées en France en 2021, 26 % de plus que l’année précédente. De son côté, Xavier Aubry voit l’avenir avec optimisme, et déclare que « nous rattrapons notre retard en matière d’IA et de biologie synthétique, en plus d’avoir une vraie expertise sur les technologies quantiques.». Autrement dit, nous avons les moyens de prendre une longueur d’avance, il n’y a plus qu'à passer à l’action !