Ilek s'alimente à la source
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En région Auvergne-Rhône-Alpes, dans la commune de Bourg-Saint-Maurice, François et Jules Barthe produisent en famille de l’énergie verte, et c’est non sans une certaine fierté qu’ils nous retracent l’ouverture de leurs vingt-cinq centrales hydroélectriques de 2007 à aujourd’hui.
Partout, de hauts dénivelés et de grandes routes montagneuses. Passé l’autoroute a430 et la nationale n90, et c’est entre le Col de la Seigne et les Arcs qu’est planté, dans la vallée de la Tarentaise, le panneau rouge et blanc de Bourg-Saint-Maurice. Entre les conifères, et à plus de 480 mètres d'altitude, seuls les bruits de quelques utilitaires et tramway se font entendre. Première à droite, nous garons le véhicule et c’est au Café de la Paix qu’un enfant de la région nous interpelle : son nom, c’est Jules Barthe. Il est producteur d’énergie renouvelable.
“C’est mon père qui a tout lancé il y a maintenant quinze ans. À l’époque, il rénovait une première centrale, il débutait dans le métier mais il ne s’est jamais laissé intimider par la charge de travail” débute Jules Barthe, enjoué. “De fil en aiguille, nous l’avons vu remettre sur pied un premier site, puis un deuxième, puis un troisième et en si bon chemin, il n’a pas réduit la voilure puisque nous sommes aujourd’hui à vingt-cinq centrales ouvertes et rénovées dans plusieurs endroits en France". Café en main, Jules Barthe se met ensuite à énumérer les différents pôles géographiques où leurs centrales sont implantées. “Nous avons deux pôles, un dans le Sud-Ouest allant d’Agen à Montpellier en descendant jusqu’aux Pyrénées et un autre pôle Alpes qui commence pas loin de Grenoble, qui touche Bourg-Saint-Maurice où nous sommes aujourd’hui et la Haute-Savoie. L’idée c’est de pouvoir avoir des ancrages territoriales forts et diversifiés."
Du haut de sa vingtaine, Jules Barthe est le fier représentant de l’entreprise familiale Groupe Barthe ENR. Passé responsable d’exploitation après ses études, il supervise désormais les équipes sur site, s’assure de la mise en œuvre technique et de la coordination des opérations. “Mon rôle est de faire en sorte que les centrales fonctionnent. Je travaille sur site et à distance avec une équipe d’ingénieurs et techniciens spécialisés. Aujourd’hui, nous produisons de l’énergie grâce aux turbines, qui sont activées par l’eau, et tout ceci dans le but de réinjecter le plus d’électricité verte dans le réseau.”
Implanter une centrale hydroélectrique n’est pas mince affaire. N’ouvre pas qui veut. Le représentant d’exploitation prend le temps de nous expliquer les appels d’offres de marchés publics - “étape peu anodine”. Après sélection, les étapes administratives commencent avec les mairies et les collectivités concernées. Très souvent, d’autres parties prenantes comme l’Agence française des forêts et l’Office français de la biodiversité deviennent des interlocuteurs de l’entreprise. Leur fonction relève avant tout du bon suivi et du respect de toutes les étapes de préservation des sites. Tous ces acteurs publics travaillent donc à la faisabilité d’un tel projet.
Reste plus qu’une étape : convaincre. “Après avoir eu le “oui nous voulons d’une centrale hydroélectrique”, il nous faut le “oui, je vais vous acheter votre électricité verte”, explique Jules Barthe et “ça, c’est encore une étape”. “Le plus souvent, on prend le temps d’aller rencontrer les habitants des villes ou des villages. Bien souvent aussi, on parle 1h de tout et de rien, on s’intéresse à eux et ensuite, ils comprennent. On leur explique notre démarche, on leur dit pourquoi on fait cela et comment on le fait”, raconte-t-il. “Et puis, il y a désormais l’argument sans équivoque des risques de la dépendance énergétique et ça, ça parle à tout le monde.”
Face à l’augmentation des prix de l’énergie en France, le gouvernement annonçait en janvier 2022 des mesures avec un bouclier tarifaire pour éviter une hausse des factures d'énergie des consommateurs. À ce propos, lorsqu’on évoque avec Jules Barthes la question du bouclier des prix, sa réponse ne se fait pas attendre. Elle repose en partie sur la nécessaire autonomisation des territoires pour plus de résilience. “La guerre qui s’est déclenchée entre la Russie et l’Ukraine pose véritablement la question de notre dépendance énergétique à l’extérieur.” Et pour appuyer son argument, le jeune homme invective avec quelques chiffres. “40 euros du mégawatt, c’est ce qu’on faisait il y a deux ans. Aujourd’hui, avec ce qui se passe, on fait des pics à 500, vous vous rendez compte ? Je ne sais pas quel sera le prix dans deux ou trois ans, mais ça, ce qui est sûr, c’est que ça pose la question de notre organisation.”
Le coût du mégawatt étant directement corrélés aux coûts de production, de stockage, d'approvisionnement et de commercialisation ; mais aussi au prix du gaz, au coût d'acheminement et aux quotas de CO2, produire en France et localement fait vraisemblablement l’unanimité pour ces producteurs. “Aujourd'hui, dans ma consommation, même alimentaire, je préfère soutenir le producteur près de chez moi que celui qui vient de loin. C’est pour cela que nous essayons de montrer que la logique de consommation qu’on a pour les fruits et les légumes est exactement la même pour l’électricité”, affirme Jules Barthe. “Je ne peux en vouloir aux gens. Moi le premier, avant de travailler dans ce secteur, je pensais que l'électricité, c’était seulement EDF. Je n’avais aucune idée que d’autres acteurs étaient présents sur le marché” sourit l’exploitant.
Quant à la suite, les panneaux sont au vert. Après avoir développé le Sud-Ouest et le pôle Alpes, le Groupe entend s’implanter dans les Pyrénées. “Comme on vient de là-bas, on aimerait beaucoup ouvrir des centrales dans ces coins-là” s'enthousiasme-t-il. "Il y a des régions où c’est impossible. En Bretagne, par exemple, la typographie du territoire est beaucoup moins intéressante car il y a peu, ou presque pas de dénivelés.” L’important, selon lui, est d’avoir dans un portefeuille différents types de cours d’eau de façon à pouvoir avoir une stabilité des flux.
“Nous travaillons à partir de la saisonnalité des cours d’eau. La Garonne, la Loire sont plus stables car il y a beaucoup plus d’eau car il y a peu de variations. Sur les autres, les chutes, comme il fait froid, tout dépend de la température. Comme on le dit chez nous, nous sommes des centrales au fil de l’eau. Contrairement aux barrages EDF qui régulent en bloquant les flux, nous, nous sommes sur des débits en continu. C’est pour cela que nous dépendons davantage des variations des éléments.”
ilek rassemble plus de 40 producteurs partout en France, qui produisent de l'électricité grâce à la force de l'eau, du vent, et du soleil; et du gaz grâce à des biodéchets. Ilek compte plus de 130 000 clients, 145 collaborateurs, est le premier fournisseur d'énergie labellisé B.Corp et a pour ambition d'économiser 1 milliard de kg de CO2. Le Groupe ENR produit aujourd’hui 86 400 mégawatts/an pour près de 20 000 foyers français. Ce sont aujourd’hui 52 968 tonnes d’émissions de C02 évitées/an (filière fioul selon un rapport RTE - 03/2014).
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