Une nouvelle fondation actionnaire

Rendez-vous à La Rochelle, en Charente-Maritime. C’est ici que siège Léa Nature, le géant des produits bio et naturels bien connu des rochelais. En évoluant dans le jardin paysager qui entoure le site, il est possible de voir pousser de nombreuses plantes aromatiques et médicinales. Juste derrière ces deux hectares dédiés à la permaculture et à l'agriculture biologique se cache le bâtiment de verre et de bois dans lequel a été imaginé l’avenir du groupe. Engagé depuis toujours dans une démarche éthique et responsable, se traduisant principalement par le respect des normes bio et écologiques, le soutien aux producteurs locaux et aux associations de protection de la nature, Léa Nature a souhaité passer à la vitesse supérieure en lançant Ficus, sa fondation actionnaire. En détenant une partie du groupe, ce fonds de dotation distribue ses dividendes vers des actions d'intérêt écologiques et sociales.

Avant de lancer Ficus, Léa Nature était déjà habitué aux fondations. Emma Kloboukoff, déléguée générale de Ficus nous le rappelle : “Tout a commencé en 2007 avec le lancement de Léa Nature/Jardin BiO, qui soutenait des projets d'intérêt généraux liés à la protection de la nature et à la promotion de l'agriculture biologique.”

Selon la déléguée générale de Ficus, la réflexion autour de la création d’une fondation actionnaire a commencé il y a une dizaine d'années, à la faveur de discussions avec des cabinets de conseils au sujet des nouveaux modèles de propriétés. “Tout a commencé à prendre forme il y a environ 4 ans” dit-elle “et la fondation a été lancée en 2021”.

En franchissant cette nouvelle étape, le groupe Léa Nature s’est confronté à d’autres difficultés que ses confrères suisses Rolex et Victorinox. Emma Kloboukoff indique qu’en France “Il est difficile de lancer une fondation actionnaire, car ce statut n’existe pas encore”. En effet, la fondation actionnaire n’est pas un statut juridique, mais un modèle hybride, économique et philanthropique de transmission et de gouvernance des entreprises. Sous l’appellation générique de fondation actionnaire, trois statuts juridiques sont à la disposition des entrepreneurs français : la fondation reconnue d’utilité publique « FRUP », le fonds de dotation et le fonds de pérennité.

Ficus Fondaction est en réalité un fonds de dotation, un organisme reconnu d'intérêt général, qui détient 6,3% du groupe Léa Nature. Cette initiative est le fruit d'une réflexion familiale entamée depuis plusieurs années par Charles Kloboukoff, le fondateur et actionnaire majoritaire du groupe Léa Nature. Celui-ci a décidé, en accord avec sa famille, de transmettre progressivement ses titres à la fondation Ficus, par le biais de dons successifs. Son objectif est de garantir l'indépendance capitalistique et la pérennité du groupe, de préserver ses valeurs historiques et sa mission sociale et environnementale, de maintenir son ancrage territorial et de rendre impossible sa délocalisation.

Comme le rappelle sa déléguée générale “Si à l’avenir, la fondation Ficus a pour but de devenir l’actionnaire majoritaire de Léa Nature, elle est un projet au très long terme dont les actions ont déjà commencé”. Pour cela, Ficus s'appuie sur un comité philanthropique composé de salariés volontaires du groupe Léa Nature. Ce comité définit les axes de soutien du fonds, ses méthodes de don et sa politique philanthropique.

Pour l’heure, elle se concentre sur le soutien aux initiatives citoyennes qui cherchent à réinventer certains modèles dont nos sociétés dépendent. Ses axes de soutien sont les suivants : Modèles économiques alternatifs, facilitant l'émergence et l'accompagnement de modèles entrepreneuriaux. Action sociale, en aidant à l'inclusion et à la défense des droits humains pour les plus démunis. Et santé, en permettant l'accès à des soins de qualité pour tous, en particulier les enfants et les personnes âgées, dans la dépendance et/ou fragilisées.

En s’engageant dans ce nouveau modèle de philanthropie, Ficus est aussi un fonds expérimental et évolutif, qui questionne les méthodes traditionnelles de la philanthropie pour faire évoluer les pratiques vers plus de démocratie. Ses axes de soutien peuvent ainsi changer au gré des membres du comité philanthropique, renouvelé par tiers tous les ans.