Le Cloître a droit de cité
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Dans les quartiers nord de Marseille, un ancien couvent nommé Le Cloître fait peau neuve. Passé de lieu de culte à lieu de travail, il accueille plusieurs acteurs de filières d’avenir, qui s’engagent à accompagner les jeunes vers l’emploi.
Rendez-vous dans le nord de la cité Phocéenne, plus précisément à Saint-Jérôme, un quartier du 13e arrondissement. Vous ne rêvez pas, nous n’avons pas quitté Marseille, pourtant nous voilà au cœur d’un domaine boisé vaste de 6 hectares, véritable oasis au cœur de la métropole. En poursuivant dans les bois, un édifice se dresse devant nous : un ancien monastère fraîchement rénové, qui a repris vie en faisant de la notion de transmission, une réalité locale. Le principe est simple : entrepreneurs et associations résidents y développent leur activité, tout en s'engageant à former des jeunes. Une initiative qui a du sens au nord de Marseille, où près de la moitié des 18-25 ans sont au chômage, et un tiers des ménages sous le seuil de pauvreté.
Comme chaque site historique, Le Cloître a eu plusieurs vies, mais depuis le départ, ses murs sont liés à la notion d’ouverture. À l'origine, il accueillait les Sœurs de la Visitation, un ordre religieux fondé au XVème siècle, dont la particularité était d'être “ouvert à toutes, mêmes celles rejetées par les autres communautés monastiques”.
Quand les sœurs quittent les lieux en 1989, le site est racheté par la fondation des Apprentis d’Auteuil. Une œuvre caritative créée en 1866, qui travaille sur l’éducation, la formation, et l’accompagnement familial. Suite à ce rachat, il se change en lieu d'accueil pour les plus démunis. Mais au fil du temps, cet immense bâtiment montre des signes d’usure, et sa rénovation devient inévitable, une dépense que la fondation ne peut pas se permettre.
En 2017, après être passé à deux doigts de la revente, une nouvelle idée sauve l’ancien monastère : y créer un pôle d'entrepreneuriat et d’innovation sociale. Un projet aux allures de défi, surtout au niveau financier, qui a été rendu possible grâce à de précieux partenaires. Arnaud Castagnède, directeur du Cloître, raconte : “Tout ça aurait été inconcevable sans notre rencontre avec des entrepreneurs sociaux “Fellows” (partenaires) Ashoka, et l’aide des institutions locales”
En 2018, 3,5 millions d’euros sont investis conjointement par la Fondation et l’Union Européenne, avec la participation du Fonds Régional de Développement Économique, et les travaux de reconversion débutent. Janvier 2019, le Cloître, flambant neuf, ouvre ses portes. Entreprises et organisations s’installent sur place et débutent leur mission : accompagner les jeunes de la région vers l’emploi.
Qui sont les résidents du Cloître ? Ceux qu’Arnaud Castagnède appelle les “faiseurs d’avenir” ? Ce sont 16 initiatives, qui couvrent un large spectre de métiers. Leur seul point commun est d’exercer une activité à forte valeur ajoutée, tournée vers l’avenir, garantissant aux apprentis de recevoir une formation compatible avec la réalité du marché du travail. Pour Arnaud Castagnède, c’est un succès, il déclare que “Plus qu’une formation, c’est un réel accompagnement vers l’emploi. Chaque année, nous accueillons un total de 200 apprentis dans les différentes entreprises résidentes”
À la carte : relation client, métiers du numérique, de l’énergie, conciergerie, agriculture et même restauration. Et avec autant d’activités sur le même site, des synergies ont vu le jour. Sur le domaine du Cloître, 2 hectares sont dédiés à la ferme d’insertion du Paysan Urbain. En enseignant le métier d’agriculteur à ses apprentis, l’association produit des micro plantes aromatiques à destination des restaurateurs. Leur client favori n’est pas bien loin, puisqu’il se trouve également sur le site : c’est le restaurant des jardins du Cloître, un établissement dirigé par Michel Portos, chef doublement étoilé au guide Michelin.
Cette chaîne humaine a tout du cercle vertueux : ceux qui apprennent à cultiver la terre fournissent en aromates les grands chefs de demain. Et ces produits locaux, une fois sublimés, voyagent jusqu’aux clients dans les mains de maîtres d’hôtel en herbe. Au bout du compte : les apprentis sont formés, la ferme et le restaurant tournent à merveille, et les clients se régalent.
Cette organisation réglée comme du papier à musique fait mouche sur tous les aspects. Arnaud Castagnède l’affirme : « Aujourd'hui, Le Cloître fonctionne à plein régime et nous formons des jeunes qui sortent qualifiés à l'issue de leur contrat d'apprentissage. Nous continuerons tant qu’il sera possible d’accroître nos actions. La nécessité d’étendre un modèle qui fonctionne est le propre d'un entrepreneur à impact ».
Quatre ans après son ouverture, le Cloître est victime de son succès ! Chaque année, entrepreneurs et apprentis se bousculent pour rejoindre cette aventure. Mais aussi grand soit-il, le site originel n’est plus suffisant pour satisfaire cette demande. C’est la raison pour laquelle Arnaud Castagnède annonce “qu’un second lieu ouvrira, afin de dupliquer notre action. Un lieu dans lequel il serait notamment possible de créer un nouveau restaurant, et une ferme plus grande pour y produire nos propres produits.”
En attendant l’ouverture de ce nouveau site, le Cloître enfilera sa tenue de soirée à plusieurs reprises. Au programme : Banquets en l’honneur de la coupe du monde de rugby, concerts de musique classique à la lueur des bougies, dîners de gala ou encore soirée jazz. Tant d’occasions de prouver à tous ceux qui en douteraient encore, que l’ancien couvent a plus d’un tour dans son sac.
Qui aurait pu dire, il y a quelques années lorsque le Cloître dépérissait, qu’il serait le théâtre d’une aussi belle renaissance ? Véritable figure d’exemple de l'entrepreneuriat social, sa formule ne demande qu’à s’étendre et s’exporter, pour que chacun puisse vivre sa vocation, quelle que soit son origine sociale.
Rénové en 2018, Le Cloître est un ancien monastère de 6.000 mètres carrés surplombant un domaine forestier de 6 hectares. Chaque année, 15.000 visiteurs viennent découvrir ce lieu à l’occasion d’une soirée au restaurant, d’une sortie culturelle ou simplement d’un désir de découverte. Chaque jour, le site est animé par 200 apprentis répartis dans les 16 structures résidentes, créant un vrai lieu de vie et d’échange, une sorte de village en plein cœur de Marseille.
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