Le Low Tech Lab fait mieux avec moins
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Sur le port de Concarneau, dans le Finistère, une association s’est lancé le défi de devenir l’ambassadrice des Low-Tech : ces technologies simples, appropriables et durables. Baptisée Low-Tech Lab, elle œuvre depuis 2013 pour diffuser sa philosophie et ses moyens techniques au plus grand nombre, pour donner à chacun l’envie et les moyens de vivre mieux avec moins.
Direction la côte des Cornouailles, sur le port de Concarneau. C’est ici, dans la base du fonds Explore que le Low Tech Lab s’est installé. Derrière la porte du local se cache un atelier hors du commun où il est possible d’observer des dizaines de prototypes : plusieurs fours solaires, un lombricomposteur, ou toute une collection filtre à eau en céramique. Ces objets ont un seul point commun : ce sont des outils dits “low-tech”, fabriqués avec peu de moyens et reproductibles le plus facilement possible. Sur place, le rôle du Low-Tech Lab n’est pas de développer de telles solutions, mais de les rassembler, les étudier, et éventuellement les améliorer. A terme, le but est d’éditer des tutoriels pour que ces outils puissent être reproduits facilement, et diffusables au plus grand nombre.
Sur place, nous sommes accueillis par Guénolé Conrad, coordinateur de projet, qui nous retrace la genèse de cette initiative : “L’histoire du Low-tech lab est intimement liée au monde de l’expédition maritime. Tout a démarré en 2010, lorsque Corentin de Chatelperron, le fondateur, est revenu d’une mission au Bangladesh avec le projet de créer un voilier à partir de toile de jute, un matériau bien moins polluant et énergivore que la fibre de verre qu’il remplace”. Le navire en question s’appelle le Gold of Bengal et s’élance en 2011 dans le Golfe du Bengale avec pour objectif de naviguer pendant 6 mois à la découverte de solutions techniques inédites, tout en survivant à bord grâce aux low-tech : des systèmes simples, peu coûteux et économes en énergie. Selon Guénolé Conrad, c’est lors de cette expédition que les contours du Low-Tech lab se dessinent : “Au fil de leurs escales, ils ont découvert que le manque de ressources de certaines populations créait une nouvelle forme d'ingénierie”.
Deux enseignements émanent de cette épopée : Si la seule région du bengale renferme autant d’innovations low-tech, le reste du monde regorge certainement de milliers d’autres dispositifs d'intérêt. Deuxièmement, chacune de ces solutions pourrait répondre aux besoins d’autres populations, mais faute de diffusion, ces inventions demeurent méconnues. Dès son retour, l’équipe en est convaincue : des tas de solutions utiles tant à l’Homme qu’à la planète attendent d’être découvertes, valorisées et partagées. Elle décide donc en 2013 de créer l’association Gold of Bengal (plus tard renommée Low-tech lab) pour porter ses projets de recherche et d’expérimentation.
Si ces fameuses inventions n’ont pas été diffusées au fil du temps, elles ne vont pas sortir de leur cachette suite à l’ouverture d’une association bretonne, il va falloir aller les chercher ! En 2013, le Low-Tech lab s’installe dans la base du fonds Explore pour construire le nomade des mers, un catamaran destiné à parcourir les océans à la découverte de solutions low-tech innovantes. Guénolé Conrad raconte : “Après de longs mois à identifier de potentiels gisements de solutions d'intérêt à aller observer, le nomade des mers s’est élancé en 2016. L’expédition devait durer 3 ans, mais face au nombre de projets que nous avons découverts, elle a finalement duré 6 ans.”
Après avoir emmagasiné autant de concepts, projets, et prototypes, il faut pouvoir les diffuser le plus largement possible. “Pour que chaque solution soit reproductible, nous avons lancé une plateforme open-source qui regroupe plus de 180 tutoriels pour reproduire ces dispositifs depuis à peu près n’importe où“ déclare Guénolé Conrad “ça n’existait pas du tout jusqu’ici”. Pour diffuser cette large base de données, l’association multiplie les approches : “Nous avons noué de grands partenariats média, lancé des campagnes d’emailing vers les ONG qui travaillent sur le terrain et depuis quelques années, on travaille beaucoup sur les réseaux sociaux, notamment avec des groupes Facebook, qui sont de bonnes places d’échange pour ce genre de solutions”.
À l’échelle locale, la philosophie low-tech semble avoir séduit la région. En 2020, une opération nommée “Les Enquêtes du Low-tech Lab” a été lancée dans le but d’imaginer un modèle socio-économique et juridique favorable à une implantation de la low-tech à l’échelle du collectif. Grâce au soutien de l’ADEME, de la région Bretagne et de Concarneau Cornouaille agglomération, cette opération a pu passer du statut d'enquête à celui d’expérience. Guénolé Conrad raconte : “Pendant 18 mois, nous menons une expérience de ce qui pourrait être une région low-tech, en accompagnant une vingtaine de structures volontaires à travailler sur des problématiques communes”. Pour chaque structure, l’objectif est multiple : réduction de l’empreinte environnementale, baisse des coûts et amélioration des conditions de travail.
À la croisée de l’ingénierie et de l’aventure, le Low Tech Lab mène ses projets par l’envie de s’appliquer à elle-même le changement qu’elle souhaite voir pour le monde. Depuis quelques années, en France ou à l’étranger, l’association développe son réseau dans le but d’ouvrir des antennes locales. A terme, l’un des objectifs du Low-Tech Lab est de déployer un réseau sur différents territoires, pour encore optimiser la circulation de la philosophie low-tech.
Depuis son lancement en 2013, le low-tech lab est référencé dans 91 pays sur tous les continents en portant 935 projets d'intérêt dans 12 domaines techniques différents allant de l’agriculture à la santé en passant par l’énergie ou la mobilité. image : Low tech lab, Sidonie Frances
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