Un concept d'immeuble très bas carbone

Bouygues lance Archisobre

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France
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Emile Biraud
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Emile Biraud

Le secteur du bâtiment est l’un des principaux responsables des émissions de gaz à effet de serre en France. Pour réduire son impact environnemental, Bouygues Construction a développé un concept building très bas carbone baptisé Archisobre. En proposant une conception architecturale bioclimatique faisant appel à des solutions low-tech, une offre de pilotage et de maintenance numérique, et une possibilité de réversibilité du bâtiment tout au long de son cycle de vie, ce concept compte bien faire entrer le monde du bâtiment dans une ère archi sobre.

Le secteur ne peut pas continuer ainsi.Tout le fonctionnement du bâtiment a été repensé.

Le monde de la construction n’est pas exempt des dilemmes qui défient notre époque. Nous sommes toujours plus, toujours plus friands de progrès, de confort et d’innovations technologiques, mais notre planète est un environnement fini, dans lequel chaque ressource est de plus en plus rare. Pourtant, nous aurons toujours besoin d’infrastructures pour nous loger ou travailler, ce qui impose au secteur de s’assigner la mission suivante : bâtir avec moins d’impact, à la construction et à l’usage. Bouygues Construction fait partie de ceux qui souhaitent relever ce défi. A l’occasion du MIPIM 2023, l’entreprise a dévoilé son “concept building” Archisobre, dont Fabrice Bonnifet, directeur du développement durable & QSE du groupe Bouygues nous retrace l’histoire.

Le secteur ne peut pas continuer ainsi.
Fabrice Bonnifet

A titre indicatif, en 2022, le secteur du bâtiment représentait 18% des émissions de Co2 en France. Face à ce constat, la législation nationale s’est progressivement renforcée pour encourager la construction de bâtiments plus sobres et plus performants sur le plan énergétique : Depuis 2021, la réglementation environnementale RE 2020 a remplacé son aînée, RT 2012 en introduisant de nouveaux critères pour évaluer la performance environnementale des bâtiments, notamment l’empreinte carbone, la production d’énergie renouvelable et l’adaptation au changement climatique. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre du secteur du bâtiment de 40 % d’ici 2030, par rapport à 2019.

Si cette réglementation s’est appliquée progressivement, elle concerne désormais tout type de bâtiment, du logement individuel aux hôtels en passant par les immeubles de bureaux et fixe des seuils maximaux d’émissions de CO2 sur le cycle de vie des bâtiments, qui seront abaissés tous les cinq ans jusqu’en 2050. Par ailleurs, la France s’est fixé comme objectif de rénover énergétiquement 500 000 logements par an, dont au moins la moitié occupée par des ménages modestes. Pour cela, elle a mis en place des dispositifs d’aide financière, mais pour atteindre cet objectif, encore faut-il avoir des solutions, pour que nos constructions soient bel et bien respectueuses de l’environnement ! Fabrice Bonnifet le rappelle “Le secteur ne peut pas continuer ainsi, nous sommes face à un challenge technique et organisationnel, auquel nous avons décidé de répondre avec un projet qui vient en rupture avec les habitudes du secteur”.

Tout le fonctionnement du bâtiment a été repensé.
Images : Bouygues Construction

Pour Bouygues, ce projet de rupture s’appelle Archisobre. Son objectif : diviser par trois l’impact carbone d’un bâtiment tertiaire. Il est le résultat d’un travail collaboratif entre les équipes d’experts de Bouygues Construction, l’agence de conception et d’ingénierie environnementale Franck Boutté Consultants et trois agences d’architecture : NeM / Niney et Marca Architectes, Coldefy et Martin Duplantier Architectes. Ce concept repose sur une conception architecturale bioclimatique ayant recours à des matériaux locaux recyclés, réemployés ou biosourcés. “Pour le sourcing, Bouygues a récemment lancé Cynéo” déclare Fabrice Bonnifet “Un centre situé dans les Yvelines entièrement dédié au reconditionnement de matériaux de construction”.

Si le recours au réemploi et aux matériaux reconditionnés représente bel et bien une alternative plus écologique aux matériaux classiques, cela ne suffit pas pour créer le bâtiment de demain. “C’est un travail en profondeur, où tout le fonctionnement du bâtiment a été repensé” annonce Fabrice Bonnifet “Des solutions low-tech performantes ont été intégrées pour assurer le confort des occupants tout en respectant l’environnement : ventilation naturelle, rafraîchissement adiabatique (qui se produit sans échange de chaleur avec l’extérieur) ou utilisation de l’inertie thermique du sol. Le but c’est d’avoir un bâtiment en totale harmonie avec son environnement”.

Conçu pour être réversible tout au long de son cycle de vie, un bâtiment Archisobre est capable de se transformer en fonction des besoins de ses occupants, et ainsi passer d’un immeuble de bureau à un bâtiment dédié au logement, et vice versa. Ce principe permet de limiter les démolitions et les reconstructions, et donc de réduire l’impact environnemental du bâtiment. La promesse d’Archisobre, c’est d’afficher un niveau d’émissions de CO2 de 300 kg/m² sur 50 ans, soit trois fois moins que la moyenne des bureaux actuellement en construction.

Archisobre était un défi technique, il devient un challenge marketing.

Avec ces arguments, on pourrait s’imaginer que ce nouveau concept fasse fureur, et que le carnet de commande de Bouygues soit rempli à ras bord. Et pourtant, ce n’est pas le cas. D’après Fabrice Bonnifet, “Le marché est très frileux [...] Si Archisobre était, à l’origine, un défi technique et architectural, c’est aujourd’hui un vrai challenge marketing. Il faut convaincre et aller chercher les audacieux”.

Malgré cette difficulté apparente à dénicher les premiers clients, Fabrice Bonnifet se montre très enthousiaste. “L'appétence pour les bâtiments verts finira par s’imposer, je pense que nous vivrons le même scénario que celui que le secteur automobile a vécu avec la voiture électrique. Si la clientèle peut se montrer réticente face à des produits novateurs, elle finira par s’y adapter, aidée par l’évolution des pensées et de la législation”.

Car en effet, la loi française va se durcir dans les prochaines années pour imposer des normes environnementales plus strictes aux bâtiments neufs et existants. Les constructions actuelles qui ne respectent pas ces normes seront donc vite rattrapées par la réglementation et devront se mettre en conformité ou être remplacées par des édifices plus performants.

L’impact positif de l’initiative en chiffres :

Pour ce concept, Bouygues Construction annonce un indicateur “Ic construction” trois fois inférieur à l’empreinte carbone moyenne des bureaux actuellement en construction, évaluée à 870 kg équivalent CO2/m², une valeur sous le seuil 2024 de la RE2020 placé à 980 kg équivalent CO2/m². Ce poids carbone est également 40 % inférieur aux objectifs du seuil 2031 de la RE2020 fixé à 600 kg éq. CO2/m².

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