Le lieu des savoirs inattendus

Rendez-vous à Paris, rive gauche, à la lisière du quartier Latin. Face à nous se dresse un immense bâtiment : l’ancien campus de Sorbonne-Nouvelle Censier, rebaptisé Césure pour une durée de deux ans. Ce nouveau tiers-lieu est le dernier projet porté par Plateau Urbain en collaboration avec Yes We Camp, et s’axe sur la transmission des savoirs et savoir-faire, dans l’attente de sa réhabilitation par l’établissement public d'aménagement universitaire. Ici, sur 25.000m2, plus de 180 structures ont élu domicile, créant un véritable terrain d’échange et d’expérimentation où chacun découvre comment mieux apprendre des uns et des autres.

Le déménagement de l’université est prévu depuis longtemps. Le bâtiment de la Sorbonne-Nouvelle Censier n’est plus tout neuf, et la présence d’amiante dans ses murs rend son évacuation obligatoire avant le début des travaux. En conséquence, l’Etat, le Rectorat de Paris, et l’établissement public d'aménagement universitaire de la région ont dressé un calendrier. Ce dernier prévoit le déménagement de la fac vers le campus flambant neuf de Nation, puis la rénovation du site de Censier, pour qu’il puisse, à terme, accueillir de nouveaux étudiants. Mais selon ce même calendrier, deux ans séparent le déménagement du début des travaux, une période pendant laquelle le site serait vide, mais toujours exploitable.

C’est à cet instant que Plateau Urbain s’immisce dans l’aventure, et que les bases du projet Césure voient le jour. Angèle de Lamberterie, directrice du développement de Plateau Urbain nous en retrace la genèse “C’est l’Etat qui est venu vers nous pour faire une première étude de faisabilité” dit-elle. Fort d’une dizaine d’années d’expérience en création de tiers-lieux culturels, Plateau Urbain a d’abord réalisé une étude technique, qui a permis de mettre en lumière la pertinence de créer un nouvel espace sur ce site. Angèle de Lamberterie poursuit : “Après étude, l’état a lancé un appel d’offres, et nous y avons répondu en nous entourant de partenaires comme Yes We Camp”.

Lauréats de cet appel d’offres, Plateau Urbain et Yes We Camp ont lancé Césure, investissant les lieux dès le 1er juin 2022, au lendemain du déménagement universitaire. Pour Angèle de Lamberterie, en plus de la satisfaction de pouvoir mener ce projet à bout, sa genèse est particulièrement symbolique “Au fil du temps, nous avons réussi à faire changer les mentalités” dit-elle “c’est l’état qui est venu nous chercher, car les collectivités ont pris conscience qu’il était devenu impossible de laisser un tel espace vide pendant plusieurs années.”

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C’est ainsi, à l’été 2022, que Césure naît dans le 5e arrondissement de Paris. En plus de fusionner lieu de travail et de culture, comme les précédents projets de Plateau Urbain, Césure est annoncé comme étant “dans la continuité de l’université”, car selon Angèle de Lamberterie “Il reste un lieu d'apprentissage, qui se veut tourné vers l’avenir, en expérimentant de nouvelles manières d’apprendre”.

Sur place, 2 000 étudiants venant de 5 écoles différentes continuent à évoluer sur le site dans des salles de classe spécialement rénovées pour l’occasion. En parallèle, Plateau Urbain a sélectionné 180 structures, artistes, artisans et associations à venir occuper les locaux à un prix défiant toute concurrence. Parmi eux, une grande proportion vient en aide aux étudiants et aux personnes réfugiées en difficulté, à travers l’organisation de cours de soutien, de conférences ou d’ateliers. En plus de ces structures, plusieurs acteurs de l’enseignement comme des écoles, des universités ou des organismes externes, viennent ponctuellement participer à des projets d’insertion de publics jeunes, qu’ils soient étudiants, réfugiés ou éloignés du monde académique.

Avec ce brassage de population presque inédit, de nouveaux liens se créent. Les espaces communs au sein de Césure devenant de vrais lieux d'échanges entre les adhérents. Mais si ces derniers ont pu profiter de ces murs en avant-première, nombreux sont ceux qui attendent les beaux jours pour pouvoir en faire autant.

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Angèle de Lamberterie l’annonce “Dès le printemps 2023, nous ouvrirons nos portes au grand public”. En effet, depuis le départ, Césure a pour vocation d’être un lieu ouvert à tous. Très prochainement, des centaines d’événements y seront organisés, la plupart d’entre eux se voulant “propices à la rencontre et au débat”. A travers ce volet culturel, le site universitaire devrait retrouver ses airs de fourmilière d’antan. Pluridisciplinaire et accessible à tous·tes, la programmation sera porteuse d’expérimentation et de création, alliant rencontres culturelles, activités régulières de bien-être, cours de pratiques artisanales et résidences artistiques. 

Pour accueillir cette offre culturelle, plusieurs espaces ont été aménagés. Angèle de Lamberterie en fait la liste : “Nous avons monté une cantine engagée dans l’ancienne bibliothèque, juste à côté d’un espace nommé le Grand Plateau, une salle de 1 000 m2 privatisable où seront organisés expositions et défilés. Un amphithéâtre de 400 places sera également disponible, ainsi qu’une cour réaménagée, un cabaret, et plusieurs autres espaces extérieurs”.

Pour le grand public, l’ouverture de cet espace n’est plus qu’une histoire de semaines. Mais avec la perspective d’arpenter à nouveau le campus à l’occasion d’une exposition, d’un défilé ou d’une table ronde, vient un compte à rebours. Dans un peu plus d’un an, à l’été 2024, il sera temps pour Césure de fermer cette heureuse parenthèse, pour que plusieurs universités, notamment Paris 2, prennent le relais. Une ligne d’horizon aux airs de fin de vacances, qui restera dans la mémoire des adhérents comme le trait d’union entre les deux vies d’un lieu de transmission.

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