Des tonnes d'idées derrière la tête

La HEAD redessine l’école

LIEU(x)
Genève, Suisse
auteur
Emile Biraud
audio
Emile Biraud

À Genève, en Suisse, la HEAD forme les designers de demain. Née de la fusion de l’école supérieure des beaux-arts et de la Haute école d’arts appliqués, elle propose une vingtaine de cursus, qui, chacun à leur manière, dessinent les contours d’une nouvelle manière d’apprendre.

Nous travaillons à échelle 1, chaque cas pratique est un vrai projet.L’école est un acteur culturel important de la ville.

Rendez-vous au centre de Genève, dans le quartier Les Charmilles. Ici, à l’extrémité sud du lac Léman, il est possible d’observer la nature créer l’un de ses plus beaux ouvrages européens : Le Rhône. Mais aussi fascinant soit-il, ce spectacle n’est pas l’objet de notre voyage. Juste derrière nous se dresse un autre symbole de la créativité Genevoise : la HEAD, la haute école d’art et de design de Genève. Un établissement aux méthodes fondées sur la recherche et l’expérimentation, pour qui les codes de l’enseignement supérieur ne demandent qu’à être redéfinis.

Nous travaillons à échelle 1, chaque cas pratique est un vrai projet.
Anthony Masure

La HEAD est la descendante de deux écoles d’art classiques, certes, mais elle n’a pas souhaité hériter de leur méthode pédagogique. Selon les dires de la direction, une formation dans cet établissement est synonyme d’un apprentissage “à l’épreuve du réel”. Une jolie formule, qui mérite que l’on s’y attarde un peu. Pour décrire cette philosophie, Anthony Masure, professeur associé et responsable de la recherche à la HEAD explique le but de l’école : “faire en sorte que les étudiants se jettent dans le grand bain”. Il poursuit : “Nous travaillons à échelle 1 dès la première année. Ici, chaque cas pratique est un vrai projet répondant à la demande d’un client, et qui prend vie à l’issue de l'exercice.” 

Ainsi, ceux qui arpentent les routes suisses ont pu croiser les poids lourds à hydrogène du projet “GoH! - Generation of Hydrogen” dont l’identité visuelle a été entièrement réalisée par les étudiants de première année en Bachelor Communication visuelle. Et ceux qui, au lieu de prendre la route, sont restés sur place pour faire la fête, sont certainement tombés sur les affiches du Paléo festival, elles aussi “designées” par les étudiants.

Plusieurs avantages naissent de cette confrontation entre clients et étudiants. Au niveau pédagogique, comme l’indiquait Anthony Masure, cela jette les élèves “dans le grand bain”, les étudiants n’ayant de comptes à rendre non plus à un professeur comme dans les formations traditionnelles, mais directement à un client. Pour l’entreprise cliente, faire appel à des étudiants peut s’avérer bien plus prolifique que prévu, un point de vue moins expérimenté étant souvent source d’angles de création inattendus. 

Cercle vertueux donc, pour les étudiants et les entreprises partenaires. Cette jolie mécanique profite également au grand public, qui, s’il fait preuve de curiosité, peut retrouver le travail des étudiants de la HEAD dans chaque recoin de la ville, à travers une affiche, la vitrine d’une boutique, ou l’un des événements organisés par l’école.

L’école est un acteur culturel important de la ville.

Lorsqu’on parle de culture à Genève, on évoque souvent son grand théâtre, ou encore le musée Ariana. Mais au milieu de ces lieux ancestraux, la HEAD tire son épingle du jeu en insufflant une nouvelle dynamique artistique dans la cité. Anthony Masure déclare que “l’école est un haut lieu culturel de Genève”. Chaque année, une centaine d’événements y sont organisés : expositions, conférences, tables rondes et même défilés de mode, l’une des spécialités de la maison. 

Car si Genève n’a pas sa Fashion Week, elle a le défilé de la HEAD. Organisé chaque année dans l’enceinte de l’école, ce show présente les collections des étudiants de la filière mode. Un véritable spectacle qui n’a rien d’une kermesse de fin d’année, Anthony Masure l’affirme “C’est un événement reconnu dans le monde de la mode, qui attire près de 2.000 visiteurs par édition”. Du Bachelor au Master, tous les étudiants de la filière se prêtent à l’exercice, mesurant, une fois encore, leurs travaux à l’épreuve du réel. 

Pour ceux qui préfèrent les discussions aux podiums, la HEAD a tout prévu, puisque l’école est également un lieu de débat. Tous les mois se tiennent les Talking HEADS, des conférences publiques où sont invitées des personnalités de la création contemporaine : artistes, designers, architectes, critiques, cinéastes ou auteurs sont conviés à partager leur expérience. Ces conversations tournent souvent autour de sujets d’avenir, et de la manière dont l'art et la création peuvent faire progresser notre société. Mais avant de transformer le monde qui les entoure, l’art et le design se doivent d’innover eux-mêmes, un processus qui passe par la recherche, la troisième facette de la HEAD.

La recherche en design, c’est repenser l’objet pour améliorer le monde qui nous entoure.

En plus d’être une école et un lieu de rendez-vous culturels, la HEAD est un institut de recherche en art et design, dont Anthony Masure est le responsable. Questionné sur les contours de sa discipline, il explique : “Le design concerne l’ensemble des objets physiques ou numériques qui nous entourent. La création de ces derniers nécessite différents processus complexes avec plusieurs facteurs à prendre en compte : économique, ergonomique, environnemental, ou autre. La recherche en design, c’est trouver un moyen d’améliorer ces processus, repenser l’objet, pour finalement améliorer le monde qui nous entoure”. En bref, c’est un domaine pluridisciplinaire où l’on combine les savoirs pour mieux concevoir. 

À la HEAD, ces projets de recherches naissent à l’initiative du corps enseignant, suite à quoi, une équipe coordonne et soutient administrativement chacun d’entre eux. Cette proximité entre enseignement et recherche assure un échange permanent qui intègre peu à peu les étudiants de niveau Master dans une dynamique de recherche. Cela pose les bases pour l’ouverture d’un futur cursus au sein de l’école, un cursus type doctorat, où pourront s’épanouir ceux qui cherchent à modeler l’avenir de leur discipline. 

À travers ses trois facettes, la HEAD démontre, de trois manières différentes, que la confrontation au réel est un outil extrêmement puissant dans l’apprentissage, et que savoir-faire et savoir-penser sont non seulement deux notions bien compatibles, mais peuvent-êtres les piliers d’une pédagogie qui apporte les outils critiques nécessaires pour appréhender le monde contemporain.

L’impact positif de l’initiative en chiffres :

17 ans après son ouverture, la HEAD accueille plus de 700 étudiants dans une vingtaine de cursus différents. Chaque année, l’école reçoit plusieurs milliers de visiteurs à l’occasion d’une centaine d’événements, faisant de la HEAD un lieu culturel incontournable de la ville. Images : HEAD Genève

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